Démocratie à l’échelle mondiale

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Encore un commentaire qui me plaît bien en lisant l’article «Ahmadinejad propose un débat télévisé à Obama» publié le 02/08/2010 sur Le Point.fr
« Voilà une manière d’instaurer une démocratie mondiale où chaque personne doit apprécier à juste titre le fond d’un débat. Jadis, on nous a fait avaler des choses sans qu’on comprenne. Ce temps est révolu, passons à de bonnes manières et au respect de l’humanité. »
Alors peut être qu’Obama devrait accepter ce débat, offre déjà faite en septembre dernier à laquelle Washington n’avait pas répondu et déjà refusée par Bush car il «aurait eu peur»…

En outre, voici un article lu sur Common Ground News qui rejoindrait cette idée…

Afghanistan: un rôle pour les Etats-Unis dans la réconciliation nationale?

Source: Service de Presse de Common Ground (CGNews), 6 août 2010, www.commongroundnews.org
Reproduction autorisée.

Shukria Dellawar

Washington – Au mois de juin, lors de la dernière loya jirga (grande assemblée générale des chefs tribaux) de Kaboul, 1600 dirigeants afghans de la base ont avalisé un programme de réinsertion sociale à l’intention des insurgés talibans prêts à renoncer à la violence, à accepter la Constitution afghane et à réintégrer leurs foyers – sous réserve d’éventuels incitatifs comme un emploi, une formation professionnelle ou des projets de développement communautaire.

Cette jirga a constitué une étape importante vers la construction d’un consensus et d’une réconciliation nationale des Afghans. Le programme envisagé a pour but d’amadouer les insurgés qui n’ont aucune attache idéologique avec les talibans et ne sont entrés dans l’insurrection que pour de l’argent. Il faut bien voir, cependant, que la réinsertion des talibans de base n’est qu’une dimension dans un processus de réconciliation beaucoup plus vaste.

Les Etats-Unis, qui pourtant soutiennent et financent le programme de réinsertion, refusent toujours d’avaliser le principe d’entretiens avec la haute direction talibane, opposant ainsi un obstacle insurmontable aux efforts déployés par les Afghans eux-mêmes. Et cette stratégie ne se dément pas, alors que la majorité des alliés de l’OTAN, des hauts responsables afghans et américains ont publiquement reconnu que cette guerre ne peut être gagnée par de seuls moyens militaires. Si l’Afghanistan doit un jour connaître une paix durable, il faut que les Etats-Unis changent radicalement leur stratégie.

Les Etats-Unis et les chefs talibans continuent de vouloir imposer au gouvernement de Kaboul des préalables qui excluent tout processus de réconciliation nationale. Les Etats-Unis, pour leur part, exigent que les talibans déposent les armes et acceptent la constitution nationale. De leur côté, les talibans, avant de s’engager dans une démarche politique aux côtés du gouvernement, exigent que les troupes étrangères évacuent le territoire. De plus, les responsables talibans se déclarent prêts à entamer le dialogue avec les Etats-Unis, mais à la seule condition qu’aucun autre préalable soit posé à l’ouverture de ces entretiens.

Pour rompre ce bras de fer, construire la confiance entre les deux parties et faciliter la réconciliation, le gouvernement Karzaï a instamment invité l’ONU à biffer certains chefs talibans de sa liste de terroristes. Dans le même temps, Kaboul et Islamabad s’emploieraient, dit-on, à persuader les dirigeants suprêmes du mouvement à s’engager dans le processus politique. Initiatives que vient contrarier le Général David Petraeus, commandant en chef de l’armée américaine en Afghanistan, lorsqu’il ajoute à la liste noire des organisations terroristes le réseau Haqqani, groupe insurrectionnel étroitement lié aux talibans actifs en Afghanistan et au Pakistan.

Le Président Barack Obama l’a bien dit : l’objectif de son pays en Afghanistan est de « désorganiser, détruire et vaincre Al Qaïda » tout en brisant la « dynamique » talibane. La stratégie contre-insurrectionnelle poursuivie par les Etats-Unis vise à affaiblir l’insurrection talibane avant de cautionner un dialogue officiel entre le gouvernement Karzaï et les commandants insurgés. Encore la stratégie qui s’est fixé ces objectifs devrait-elle être profondément remaniée.

En effet, selon les services afghans et américains, il n’y aurait qu’une cinquantaine ou une centaine d’activistes d’Al Qaïda actifs en Afghanistan, auquel cas le déploiement militaire dans ce pays serait totalement disproportionné. D’autre part, la seule façon de briser la « dynamique » des talibans consisterait à pousser à un processus de réconciliation centripète, ce qui supposerait de privilégier avant tout les contacts avec le haut commandement taliban.

En fait, après neuf longues années de répression militaire, aucune tentative sérieuse n’a été faite pour ramener les éléments insurgés dans le giron de la politique. Loin de s’affaiblir, les talibans se sont renforcés. La seule façon de ramener le calme en Afghanistan passe par une révision en profondeur de la méthode dure et le passage éventuel à une méthode plus douce, mais ferme, qui seule pourrait répondre aux nécessités des objectifs de long terme. L’idéal, pour seconder les efforts de stabilisation du gouvernement de Kaboul, serait d’appuyer à fond sa stratégie réconciliation, y compris dans son volet de rapprochement avec le commandement taliban.

De plus, tous les principaux acteurs, à commencer par les gouvernements de l’Afghanistan, du Pakistan, des Etats-Unis, et les alliés de l’OTAN, doivent mettre l’accent sur le développement socioéconomique, la reconstruction, la structuration institutionnelle, l’éducation et les droits de l’homme.

Enfin, l’exploitation des divisions ethniques à des fins politiques par les acteurs qui évoluent à l’intérieur même du pays et dans la région doit être freinée par les Etats-Unis. Les dirigeants de la majorité comme de la minorité doivent parvenir à collaborer afin de ramener la paix dans leur pays déchiré par la guerre.

La poursuite de la violence et la pérennisation de l’engagement militaire ne feront qu’accélérer la destruction de la société afghane. En aidant les Afghans à aplanir leurs différends et à consolider les institutions de l’Etat, on ouvrira la voie à une stabilité durable. Ni les Afghans ni la communauté internationale ne doivent laisser l’Afghanistan devenir le paradis du terrorisme.

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* Shukria Dellawar (rdellawar@gmail.com), politologue free-lance, exerce à Washington. Article écrit pour le Service de Presse de Common Ground (CGNews).

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